Champagne: une vendange qui s'annonce compliquée

«Ce n'est pas l'euphorie au niveau de la récolte dans toute la Champagne». C'est par ces mots quelque peu pessimistes que Sophie Ducceschi, présidente de la section locale des vignerons de Meurville, a débuté dernièrement la réunion concernant la vendange.

La commune, qui avait déjà subi des intempéries l'année dernière qui avaient entraîné une petite récolte, a de nouveau subi la grêle et les fortes précipitations de ces derniers mois, comme beaucoup des communes voisines.

«Pour ceux qui ont déjà débloqué l'année dernière, ils vont débloquer le reste», a-t-elle poursuivi. « Ça va peut-être éclairer un peu le cerveau de ceux qui décident à notre place au sujet de la réserve individuelle », lançait alors un participant. Une réflexion qui est revenue régulièrement au sein des réunions entre viticulteurs ces derniers temps, puisque les récentes intempéries ont eu au moins le mérite, pour les viticulteurs, de montrer à quel point le maintien de la réserve individuelle était important. «Là, ça fait deux années de suite où on va taper dedans», insiste Sophie Ducceschi.

Les vignerons mettent en avant que si la récolte est encore maigre cette année, elle n'est pas encore assurée car il faut maintenant sauver ce qui reste des maladies, notamment le mildiou : « Les raisins, on ne les a pas encore dans le pressoir». À Meurville, on estime à 80 % le vignoble touché par les intempéries.

«En général, on fait 12 000 ou 13 000 kg à l'hectare. Là, au mieux, on sera à 6 000. Comme l'année dernière où l'on avait déjà gelé. C'est un problème complexe. À Meurville, ce sont des ménages qui ne vivent que de la vigne et il y a des vignes qui n'auront pas de raisins pendant deux ans», ajoute-t-elle, «même si l'on précise que certaines parcelles n'ont connu aucun problème et connaîtront une vendange normale».

Un été et une vendange qui s'annoncent compliqués dans les secteurs touchés au vu, en plus, des stades différents auxquels en sont les raisins : « Sur un même plant, j'ai une fin de fleur, des grains de plomb et des grains de petit pois », constate-t-elle. Et chacun de se demander s'il sera possible d'obtenir des dérogations, la période de vendanges ne pouvant s'étaler sur plus de trois semaines à partir de la date officielle de début de récolte. Les viticulteurs qui surveillent et « chouchoutent » leurs vignes espèrent à présent du vent et du soleil pour assainir les parcelles, protéger ce qui reste et, si possible, arriver à avoir les raisins au même stade au moment de la vendange, qui devrait avoir lieu, estiment-ils pour le moment, autour du 20 septembre.

On a deux années difficiles. On va redémarrer avec plus aucune réserve», concluait Sophie Ducceschi. Il n'y a plus qu'à espérer une bonne année 2013 pour faire l'appellation et restocker un peu.

Source:http://www.lest-eclair.fr