Premiers coups de sécateurs dans le vignoble français

Les petits grains ronds de Muscat ont la saveur acidulée des récoltes précoces: sous la chaleur caniculaire, le village de Fitou (Aude) a donné mardi le coup d'envoi des vendanges françaises, une habitude pour ces terres baignées par le soleil et les vents marins.

À deux pas de la mer et de l'étang de Leucate, s'affairent quatre cueilleurs locaux, la sueur au front sous leur casquette. Ils découpent au sécateur les grappes les plus mûres, d'un vert pâle. Minutieux, ils trient ensuite à la main les grains pourris des bons, avant de ranger le tout dans la hotte d'un porteur. Comme pratiquement tous les ans, le petit village de Fitou est en avance sur le reste de la France. Laurent Maynadier, ainsi qu'un autre vigneron du coin, est aujourd'hui le tout premier à lancer les récoltes.

"Les cépages précoces comme le Muscat sont faits pour être récoltés tôt", explique le vigneron de 48 ans. Mais la région reste particulière, car elle est traditionnellement en avance d'une semaine sur le reste de la France, grâce à son micro-climat. "La proximité de la mer et des étangs fait qu'en hiver on a deux degrés de plus qu'à Narbonne, par exemple, et en été deux degrés de moins", détaille-t-il, les mains dans la vigne. Sur son exploitation biologique de près de six hectares, un hectare et demi est récolté dès début août. "Ce sont ces fameux deux degrés qui nous permettent d'être beaucoup plus précoces !", résume Laurent Maynadier.

Canicule

Mais vendanger dès le début août, signifie aussi des contraintes, avec les fortes chaleurs estivales. "On est entre 30 et 50% moins efficace en août qu'en septembre" juge Laurent Maynadier. Du fait de la canicule, "on a un rythme encore moins effréné, bien sûr", concède le vigneron. Ses saisonniers commencent au petit matin, lorsque les températures sont encore fraîches, et finissent vers midi, contre environ 17h en temps normal.